ENFANTILLAGES

Enfantillages a le goût de l’enfance : naïve et tendre, cruelle et perfide, soumise et révoltée. 

Obsédante musique des mots et nauséabonde odeur des non-dits.

Raymond Cousse, à la manière d’un chef d’orchestre, dépeint le désastre d’une éducation préférant la « bonne » taloche  ou le mensonge à la vérité face aux questions posées par l’enfant. Des situations hilarantes, des personnages colorés (le boucher, l’instituteur, le curé…), où chacun a bien du mal à tenir son rôle jusqu’au bout. Le tout lié par l’enfant narrateur qui observe à travers le trou de la serrure des situations d’adultes le plus souvent effrayantes pour lui.

Heureusement Marcel, l’ami, le seul personnage nommé par l’enfant, n’est jamais très loin…

Affiche Enfantillages
Théâtre d’Air
Création 2012
En sommeil

Texte
Raymond Cousse
Mise en scène et interprétation
Virginie Fouchault
Scénographie Yves Collet
Images Matthieu Mullot
Lumières Jean-Charles Esnault
Son Amélie Polachowska
Regard extérieur Camille Lorrain
Valérie Berthelot
Photos Anne-Claude Romarie
Production & Diffusion Céline Moreau

Production
Le Théâtre d’Air est une compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC des Pays de la Loire et soutenue par la Mairie de Laval, le Conseil Régional des Pays de la Loire et le Conseil Général de la Mayenne. Remerciements à la compagnie Jean-Pierre Garnier.



Avec Marcel on s’asseyait dans l’église on écoutait le curé nous raconter l’histoire du Bon Dieu au ciel au paradis
Je ne savais pas ce que c’est le paradis je demande au curé
Mon père c’est quoi le paradis
Le curé réfléchit
Mon enfant le paradis ce n’est pas facile à expliquer aux enfants. Le paradis c’est quand on est vieux qu’on a été bien sage on monte au ciel avec des anges partout qui chantent et qui volent et le Bon Dieu tout en haut qui les bénit et qui prie.
Je réfléchis
Mon père est-ce qu’il vole aussi
Non mon enfant sacrilège il tient tout seul
Je réfléchis. Mon père est-ce qu’il s’accroche au plafond
Non mon enfant sacrilège au ciel il n’y a pas de plafond il tient tout seul mon enfant par la grâce divine avec le petit Jésus dans ses bras et sa femme qui s’appelle Marie c’est pourquoi on l’appelle la Vierge Marie.
Je comprenais pourquoi on appelle la femme du Bon Dieu Marie vu qu’elle s’appelle Marie mais je ne comprenais pas pourquoi on l’appelle la Vierge Marie
Mon père pourquoi on appelle la femme du Bon Dieu la Vierge Marie ou si on l’appelle la Vierge Marie pourquoi on n’appelle pas aussi la femme du boucher la Vierge Marie elle s’appelle Marie

SCÈNE 7. LE CURÉ.
Note d’intention de Virginie Fouchault - mise en scène
C’est mon troisième rendez-vous avec « Enfantillages ». J’éprouve la nécessité de me confronter à ce texte très régulièrement. Son écriture est d’une exigence jubilatoire : il demande à l’acteur précision et abandon, dans le sens où il n’y a pas à aller chercher l’émotion. Si l’on respecte le rythme imposé par le texte, l’émotion est là, d’autant plus forte qu’elle est celle d’une écriture et non la résultante d’une performance d’acteur. Et puis il y a ce rapport à l’enfance que j’ai très fort. Certains comédiens passent leur vie à chercher leur clown. Par l’intermédiaire d’ « Enfantillages » je cherche mon enfant ; peut-être pour ne jamais oublier qu’en définitive notre métier vient de notre rapport à l’enfance, dans ce que nous avons de plus spontané, sincère, généreux, innocent et vivant.
Présentation de l'auteur Raymond Cousse
Ecrivain, comédien, dramaturge, créateur marginal à la critique acerbe et contestataire, Raymond Cousse naît en 1942 à Saint-Germain-en Laye. Sa famille est d’origine bretonne, elle est pauvre : il arrête l’école en troisième, se montre passionné de sport, de musique, cultive les deux, jusqu’à sa découverte de l’oeuvre de Beckett. En 1967, il se met à écrire, ébauche un roman Enfantillages, achevé en 1972 – récit de l’absurdité, de la cruauté, de l’injustice du monde vues au travers d’un regard d’enfant -, qui ne sera publié que sept ans plus tard, chez Flammarion. En 1968, il écrit une pièce, La terrine du chef. En 1974, il jouera le rôle principal de sa pièce, créée à Paris et mise en scène par Pierre Chabert. C’est le début d’une carrière de comédien. Autodidacte, là encore. Il n’a reçu aucune formation d’acteur. Raymond Cousse se fera connaître surtout en 1978, avec Stratégie pour deux jambons, unique interprète sur scène de sa pièce, créée par Chabert encore, au théâtre Le Lucernaire. Cousse est soutenu par Beckett, Ionesco. « L’impulsion de départ », dit son auteur, « c’est la compassion pour un animal méprisé qui n’existe que comme produit de consommation. Chez moi, c’est toujours à partir de l’émotion, du sensible que s’organise l’écriture ». L’acte d’écrire, pour Raymond Cousse, c’est essentiellement de descendre dans la peur, non pas la sienne propre, mais la peur originelle : « Au début, il y avait la peur, non le verbe. Le verbe n’est venu qu’ensuite, pour recouvrir, occulter la peur. Toute la misère de l’Humanité vient peut-être de ce qu’elle n’a jamais su expulser sa peur. La peur, c’est sans doute notre plus grand dénominateur commun. » Enfantillages sera créé au festival d’Avignon le 15 juillet 1984. Si la France demeure rétive à cette personnalité, Beckett lui, présente Cousse comme un auteur au talent très personnel et indubitable. Pour Cousse, Beckett fut un phare, et un phare parfois même aveuglant. Il lui écrira, Beckett répondra, le parrainera, puis la relation s’estompe. L’un est laconique, l’autre pas. Raymond Cousse se suicide dans la nuit du 22 décembre 1991, deux ans, jour pour jour après la mort de Beckett. Il était angoissé, alcoolique, boulimique, kleptomane. Il avait quarante-neuf ans. Corinne Amar
Revue de presse
Revue de presse Enfantillages, nouvelle vie, nouvelle lumière
« Enfantillages de Raymond Cousse, c’est le soliloque d’un jeune garçon. Or le voilà joué par une jeune femme. C’est d’ailleurs la troisième fois que Virginie Fouchault monte la pièce, passionnée par cette expression fantaisiste, insolente, crue, croustillante, ciblant et criblant de balles le monde des adultes et de tous ceux qui veulent éduquer lourdement l’enfance. En Cousse, auteur-acteur disparu trop tôt, il y a une révolte irréductible, qu’il interprétait malgré tout en adulte quand il se produisait dans les années 70 et 80.
Virginie Fouchault la joue véritablement en enfant. Elle est en noir, elle porte un béret, elle est en short, elle parle d’une voix pointue : un gavroche ou un frère du « Victor » de Roger Vitrac.  Elle emporte ce texte acide comme on fait la course quand on est môme, en marquant des arrêts mais en repartant de plus belle. Elle y met aussi un étonnante force, qui contraste avec l’aspect fluet du personnage qu’elle compose.
La nouvelle mise en scène de Virginie Fouchault s’appuie sur une scénographie d’Yves Collet qui permet précisément de courir sur place et aussi de n’être jamais tout à fait au même endroit et dans la même lumière. Ce décor est une sorte de vague blanche, un large angle de bois blanc percé d’une ouverture. L’actrice monte, descend, court, s’immobilise, glisse. Des projections de couleurs et de mots modifient à volonté cet espace étroit où tout se concentre. C’est une sorte de cage ouverte, d’espace de jeu où l’enfant est pris au piège et où sa rébellion prend les dimensions d’une lutte autant physique que verbale. Le théâtre rejoint là les vraies audaces de l’art moderne. » Gilles Costaz, journaliste France Inter et Politis, décembre 2013   « Cette pièce raconte l’histoire d’un jeune garçon. À travers son regard, il plonge le spectateur dans l’univers fantasmagorique des enfants de 10 ans qui s’éveillent au monde. Le curé, le boucher, l’instituteur… Des personnages qui marquent l’atmosphère des années 60. La découverte des ébats amoureux et la mort aussi. Le texte est cru et peut surprendre. « Il est difficile, confie Virginie Fouchault, il me coûte beaucoup. » Ce qu’il y a aussi de remarquable dans l’adaptation de Virginie Fouchault, outre le fait qu’elle se métamorphose à s’y méprendre en jeune garçon qui traîne des galoches, c’est toute la scénographie. Un décor blanc qui sert tour à tour de perchoir, de toboggan, et autres lieux improbables. La projection numérique rajoute un côté spectaculaire à la pièce. Enfin, la performance de l’actrice est juste stupéfiante.  » Sophie Delafontaine, Ouest-France, novembre 2013 « Il faut dire que le texte de Raymond Cousse est un vrai bonheur pour un acteur, il n’y a qu’à se laisser porter et… surtout ne pas essayer d’en rajouter ! Tout est écrit au millimètre, le rythme est pensé à l’avance, il n’y a « qu’à exécuter » la partition. C’est bien ainsi que Virginie Fouchault (qui joue et met en scène) voit les choses, puisque c’est la troisième fois qu’elle se confronte avec grand plaisir à cette goûteuse satire du monde des adultes (relations, éducation, religion) vu de l’œil d’un enfant : on doit avouer que le résultat est sacrément jouissif !
On rentre en effet tout de suite dans l’histoire de ce Petit Nicolas et de son meilleur ami, version cruelle et non censurée, sans temps mort et pourvue d’un décor qui pourrait figurer quelque parc de jeux façon piste de skateboard ou de luge, mais aussi, selon les éclairages, boucherie (et sa rue !), école (et ses WC !), église ou… chambre de la sœur de Marcel ! » Jean-Yves Bertrand, revue-spectacles.com, juillet 2013 « L’absurde, la poésie, la violence, la tendresse et le rythme des mots nous transportent dans le fantastique et fantasmagorique imaginaire enfantin. Et là, tout à coup, tout le monde bascule, chancelle devant la force du message de Raymond Cousse et la maîtrise parfaite de son sujet. On rit et on sourit beaucoup. On grince des dents aussi. Puis la terreur nous surprend… Face à notre « irresponsabilité d’adulte responsable ». Attention, la folie n’est pas loin… » Ouest-France
Dates passées
DateLieu
26 Mars 2015 à 20h45BRESSUIRE (79)
Scènes de Territoire
13 Février 2015 à 20h30CARVIN (62)
Salle des Fêtes
2 et 3 Décembre 2013 à 18h30LE MANS (72)
Théâtre de l’Éphémère
19 Novembre 2013 à 20h30MAYENNE (53)
Le Kiosque
12 Octobre 2013 à 20h30LAVAL (53)
Le Théâtre
10 Octobre 2013 à 10h30 – 11 Octobre 2013 à 14h30LAVAL (53)
Le Théâtre (séances scolaires)
7 Juillet 2013 à 22h00 – 27 Juillet 2013 à 22h00AVIGNON (84)
Festival Off d’Avignon Grenier à Sel (relâche le 18)
19 Octobre 2012 à 20h30LAVAL (53)
l’Avant-Scène

Je ne savais pas ce que c’est le paradis je demande au curé

Visuel Enfantillages
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