LongSéjour

Paul vient rendre visite à son père, Georges, resté seul à la maison. L’homme âgé mène une vie autonome mais lourde de solitude.

Le fils retrouve son père, précautionneusement délaissé pour des motifs tout à fait légitimes… Et voici le vieil homme à la lisière de deux mondes, relié au présent grâce à son transistor. Les langues se délient pour une relation père-fils d’une rare intensité : peut-être leur première véritable rencontre.

Quelques années plus tard, le père se retrouve dans le monde aseptisé et dépouillé de la maison de retraite : la mort guette, en filigrane dans ce monde de silence. Le langage est celui des mains et des dos, des visages et des corps, des battements de cœurs de ces pensionnaires qui ont aimé et sont toujours capables d’aimer, même perdus dans leur univers intérieur.

« Long Séjour » est avant tout un hymne à la vieillesse. Riche de l’homme, jeune ou vieux, de ses désirs, de ses plaisirs, cette pièce renvoie à notre propre histoire, comme un constat mené sans compassion contre une société qui a honte de ses vieux.

Long Séjour, bouleversant

Long Séjour, mis en scène par Virginie Fouchault aborde le sujet avec une sincérité et une poésie inattendue. Les comédiens sont d’une justesse incroyable, et servent magnifiquement le propos…
C’est rare que les vieux soient si bien dessinés. Si rare aussi, au théâtre, d’être autant bouleversé.

Ouest-France Rennes, 24 janvier 2003 
Note d’intention de Virginie Fouchault - mise en scène
Tout d’abord, il y eu cette rencontre avec le texte de Louis Calaferte : « Tu as bien fait de venir, Paul ».
 Ce texte nous interroge sur le sens de la parole dans la relation entre un père et son fils. Parler pour ne pas dire, pour ne pas voir, parler pour fuir. De la même manière qu’une colère déviée, dans cette entrevue la parole est détournée. Puis Louis Calaferte nous fait avancer imperceptiblement dans la relation. Au début de la visite, les deux personnages ne se rencontrent pas, ne se regardent pas. Et, pas à pas, sans événement particulier, ils se retrouvent ou peu-être se trouvent pour la première fois. La force du texte de Louis Calaferte est de ne jamais juger, il nous renvoie à notre propre histoire comme un constat, une fatalité. Dans « Tu as bien fait de venir, Paul », nous sommes encore dans le temps de l’autonomie : Georges le père, est dans son appartement, il est sensible à ce qui se passe dans son quartier, il entretient des relations de voisinage, et grâce à son fils, il se redécouvre des envies.
J’ai alors imaginé la fin de vie de ce personnage quelques années plus tard. Le plus souvent dans notre société, lorsque les personnes âgées deviennent dépendantes, seule la maison de retraite leur est proposée. George quitte son appartemet, il se retrouve dans un « Long séjour ». Mes observations à la maison de retraite Jeanne Jugan à Laval m’ont fait prendre conscience que nous étions dans un monde de silence, de solitude et d’immobilité. La mort est déjà là en filigrane. Pourtant nous sommes encore dans la vie.
C’est pourquoi, cette deuxième partie est traitée de façon très visuelle, chorégraphique. Contrairement au texte de Louis Calaferte, la parole est absente. Ce sont les mains, les dos, les visages, les corps qui parlent.
Note d'intention de Valérie Berthelot - chorégraphe
La vieillesse entraîne une déperdition de l’acte volontaire. Il ne s’agit pas d’aller vers un mieux-être mais de s’arranger avec son corps pour ne pas défaillir. La chute est souvent fatale. Le travail chorégraphique s’est effectué à partir de contraintes imposées : des muscles atrophiés, des déséquilibres, des gestes calculés, des déplacements anticipés, des corps marqués par des souvenirs, des émotions. J’ai également souhaité que soient rendus visibles le squelette, la peau, témoins d’une vie, d’une humanité.
Présentation de l'auteur : Louis Calaferte
Louis Calaferte est né à Turin le 14 juillet 1928. Le désir d’écrire lui est venu dès l’âge de treize ans, et il lit tout ce qui lui tombe sous la main, sans sélection. Il avait « le goût effréné de la lecture. Mon penchant le plus vif me poussait vers le théâtre. » En janvier 1947, il décide de partir à Paris avec une seule idée en tête, devenir acteur. Un temps élève comédien, il fera de la figuration au Théâtre de l’Odéon. Mais le rêve initial fait très vite place à l’écriture. Il écrit des pièces achevées ou non, dont l’une, en 1948, (il n’a que vingt ans) est représentée avec succès en avant-première au Théâtre d’Angers. Louis Calaferte subsiste dans les plus grandes difficultés matérielles en faisant toutes sortes de petits métiers jusqu’au début des années 50. C’est à cette époque qu’il écrit Requiem des Innocents que Joseph Kessel, son « père en littérature » aidera à faire publier en 1952. À sa sortie, cet ouvrage connaît un énorme succès de librairie. Louis Calaferte fait d’emblée partie de la jeune génération d’écrivains d’après-guerre, avec Fallet, Arnaud, Vidalie, tous de “l’écurie Julliard”. Courts récits, poèmes, essais, carnets seront ensuite régulièrement publiés, un ensemble cohérent qui forme une autobiographie intérieure aux multiples facettes. Louis Calaferte a reçu le prix Ibsen pour Les Miettes en 1978, le prix Lugné Poe en 1979, le Grand prix de littérature dramatique de la Ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre théâtrale en 1984, le Grand prix national des lettres en 1992. Louis Calaferte est mort à Dijon le 2 mai 1994.
visuel Long Séjour
Théâtre d’Air
Création 2001
En sommeil

d’après  » Tu as bien fait de venir, Paul  » de Louis Calaferte
Mise en scène Virginie Fouchault
Assistante Sylvie Weiss
Chorégraphie Valérie Berthelot
Scénographie Stéphane Erome
Avec Jean-François Bahon, Valérie Berthelot, Jeanne Clinchamp, Catherine Erome Bourbon
Karim Fatihi, Virginie Fouchault
Création lumière Aziz N’Gadi
Création son Eric Gaillardon
Décors Christian Prioul

Production
Avec le soutien de la DRAC et de la région des Pays de la Loire, du Conseil Général de la Mayenne et de la ville de Laval.


Visuel Long séjour
Visuel Long séjour
Visuel Long séjour
Visuel Long Séjour
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